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Point d'orgue !

Elève au Conservatoire de Lille de 1962 à 1968, en classe de piano. A cette époque, les passerelles n'existaient pas et il n'était pas concevable d'aller voir ailleurs que dans sa propre discipline ! 

J'allais écouter dans la grande salle de l'auditorium, les répétitions de l'orchestre avec envie (mais les pianistes n'ont pas leur place) !  Je voyais bien au fond de la scène ce bel orgue qui me faisait de l'oeil... mais jamais je n'ai eu l'opportunité de l'entendre ou d'y poser les doigts !

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Un jour, mon père, réparateur de télévisions à domicile, a découvert un orgue à Barlin (62); il a proposé à ma mère de m'y emmener pour l'essayer. Mais, pilotant nos études (à moi et ma soeur), elle a refusé catégoriquement. Pas question de se disperser d'autant qu'il nous fallait mener de front les études générales et musicales !

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Très tôt en classe de piano, j'ai abordé les "Inventions à 2 et 3 voix" de J.S. Bach;  j'ai été subjuguée par cette musique et  son écriture. Pourquoi ne m'a t-on pas proposé alors une initiation en classe d'orgue? Malheureusement - et peut-être encore de nos jours -  les élèves (surtout quand ils donnent satisfaction à leurs professeurs) - on les garde et il n'est pas question de se "disperser" par l'étude d' un autre instrument.

Une autre opportunité manquée !

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A cette époque, il n'y avait pas à ma connaissance d'auditions ou de concerts de fin d'années organisés pour les élèves; ceci paraît impensable de nos jours mais il faut dire que les objectifs pédagogiques n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui : il fallait avant tout mener les élèves à un haut niveau (tant pis pour la casse...) qui leur permettrait de concourir à l'entrée au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris ou à la Garde Républicaine pour les vents, ensuite de faire "carrière" ou musicien professionnel en orchestre, à l'opéra, professeur, directeur - il faut bien dire que  cela fonctionnait bien au conservatoire de Lille. De nos jours, la pratique musicale est devenue une activité -  on ne peut que s'en réjouir car elle est accessible au plus grand nombre mais le niveau d'exigence n'est plus le même. Aujourd'hui, pour prétendre à l'entrée à Paris, il vaut mieux être piloté par un parent professionnel de la musique et bien connaître les filières ...

Nous avions une évaluation en février et l'examen de fin d'année (changement de niveau ou obtention de prix)  était drastique. les morceaux étaient imposés et nous avions au plus 3 semaines pour s'y préparer. Exécution en public à l'auditorium, par coeur pour les pianistes; forcément, il y avait de la perte...

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Je l'ai appris plus tard, la classe d'orgue du Conservatoire de lille était alors florissante.

 Jeanne Joulain, originaire du Nord fut le professeur de la classe à partir de 1951 à tout juste 31 ans. En 1959, la classe d'orgue de Lille est une des plus importantes de France avec 12 élèves de niveau supérieur et perfectionnement. Par ailleurs - brillante organiste, compositrice -  elle a préparé de nombreux élèves qui ont fait carrière avec de beaux parcours. Philippe Lefebvre est l'un des plus prestigieux - originaire du Nord lui aussi - lauréat du Concours International d'Orgue de Chartres, co-titulaire de la Cathédrale Notre -Dame de Paris (ouf ! le grand orgue est sauvé de l'incendie de 2019) et il attend son retour avec la réouverture de la Cathédrale). 

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" ...M. Robert Lannoy donna à son tour quelques précisions sur le nouvel instrument qui a été construit sur les plans du grand organiste Marcel Dupré. On sait que celui-ci est non seulement un virtuose de classe internationale, mais aussi un pédagogue remarquable et un technicien éblouissant. On peut donc se réjouir d'avoir un instrument qui, techniquement parlant, fut réalisé selon ses données. le nouvel orgue possède un "toucher" extrêment léger, ce qui en rend la maniabilité très aisée. La registration " qui est à l'orgue, ce que la couleur est au dessin" en matière d'art plastique est très soignée et les gestes peuvent être plus courts, plus précis. Détail qui est également très important, cet orgue permet de jouer toute la littérature organistique écrite et ceci est particulièrement précieux pour les études qu'on doit y faire.

C'est la maison Jacquoit-Lavergne de Rambervillers, dans les Vosges, qui l'a réalisé. Il compose 73 tuyaux d'orgue apparents, mais plus de 2000 à l'intérieur et passe pour l'orgue le plus parfait qui existe actuellement en France, supérieur même à celui du Conservatoire de Paris.

Pour nous montrer les qualités de sons et d'aisance, Melle Joulain exécuta un fragment de la 6e Symphonie de Charles-Marie Widor et le final du 1er Concerto de Haendel.

Cette courte démonstration fut pleinement concluante aussi bien quant'à la qualité de l'instrument qu'à celle de l'artiste. Mais cela, nous le savions depuis longtemps.

Mais si voir un orgue par le devant est quelquefois impressionnant, quand on a la possibilité de le visiter par l'intérieur on se rend vraiment compte de la complexité d'un tel travail et du soin de précision et de minutie que cela réclame des spécialistes.

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La Voix du Nord, mardi 17 février 1959

L'orgue - Bulletin des Amis de l'orgue

2010 - II    N° 290

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Jean Decarme était alors professeur à "7 clés et excellence" soit professeur de formation musicale fin de 3e cycle. Nous avions 6h de cours par semaine : mardi, mercredi et samedi. Etant lycéenne à Béthune, je ne pouvais donc m'y rendre le mardi aussi ma mère me conduisait à Marc-en Baroeul, chez Monsieur Decarme, mercredi après-midi à la suite du cours de piano. Il était très gentil et j'aimais beaucoup ses cours. Lire 7 clés mélangées et faire des dictées à 3 voix auraient pû être rébarbatifs mais il apportait toujours de la musicalité en accompagnant les solfèges à vue et je me dis avec le recul qu'en tant qu'organiste, il avait appris cette technique et la maîtrisait parfaitement. J'aimais chanter, je prenais alors des cours et c'était un réel plaisir de faire de la lecture avec un tel professeur. Il était de forte corpulence, très souriant, modeste, je pense. Je savais qu'il était organiste mais il ne lui est pas venu à l'esprit de proposer à ma mère d'entendre le grand orgue Cavaillé-Coll de l'église St Etienne où il était titulaire et personnellement je n'osais pas poser de question qui sortait du cadre de formation musicale !

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Figurez-vous que Philippe Lefebvre et moi-même sommes nés la même année, à un mois et demi d'intervalle! Nous avons dû nous croiser dans les couloirs du conservatoire de Lille mais à cette époque - à l'exception des élèves de la classe de solfège dans laquelle nous étions ou ceux de la classe d'orchestre -  on ne se connaissait pas. Eh oui, pas de smartphone, de réseaux sociaux... En consultant beaucoup plus tard les résultats des élèves par année scolaire (j'ai gardé précieusement ces livrets qui étaient imprimés), j'ai retrouvé Philippe Lefebvre. J'étais alors à " 7 clés" (comme on disait) dans la classe de Monsieur Decarme et Philippe Lefebvre dans celle de Monsieur Westyn.

Il a fallu attendre quelques décennies avant de faire connaissance : il était alors Directeur du Conservatoire de Lille,  j'avais alors un complément de service au Lycée Pasteur (option techniciens de la musique et de la danse); il m'a reçue dans son bureau à l'occasion d'un projet un peu fou que je menais de monter un acte d'Atys de Lully avec la participation de l'orchestre des élèves du conservatoire (classe Cham), l'aide logistique de l'opéra de Tourcoing et de Lille pour les costumes et même une initiation à la danse baroque par les Arts Florissants. On donna le spectacle - hélas - une seule fois dans la salle des sports du Lycée ... avec la présence de Philippe Lefebvre et de Monsieur Breuvart, Inspecteur Régional de musique. C'est pour moi un souvenir inoubliable (d'autant que je dirigais avec une main dans le plâtre à la suite d'une opération à SOS mains de Lille pour une rupture de tendon!)

Nous avions échangé au préalable et évoqué avec nostalgie nos jeunes années dans ce conservatoire. Par la suite, je l'ai revu à l'occasion d'un récital à la Cathédrale de Vannes; il m'a reconnue et abordée en toute simplicité! 

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En septembre 2015  , création d'une classe d'orgue au Conservatoire de Sarzeau (antenne de Vannes) à l'Abbatiale de Saint-Gildas. Pendant deux années, j'ai le souvenir d'avoir travaillé l'orgue -  dans le froid et l'humidité l'hiver, d'y avoir croisé des gens au profil quelque peu improbable l'hiver en fin de journée ! Malgré tout, je progressais assez vite car en tant que pianiste, les manuels ne me posaient pas trop de problèmes mais le travail du pédalier, c'est une autre affaire ! Souvent on s'étonne que le pianiste lie 2 portées simultanément mais il faut savoir que pour l'orgue c'est 3 ! Je me lance avec passion dans cette voie et je suis reçue en 3e cycle à Vannes avec la Symphonie héroïque de Franck et une pièce de Duruflé.  Je ne doutais de rien ! 

De là m'est venue l'idée du projet d'orgue pour Sarzeau et le début des complications... Je passerai volontairement sous silence cette triste période qui m'a beaucoup affectée et qui s'est soldée par ma sortie de la classe d'orgue malgré la réussite à l'examen, ma radiation des Amis de l'orgue de Saint Gildas et ...

l' impossibilité de jouer ou de travailler l'instrument et même de m'inscrire dans d'autres écoles de la région. (le réseau a bien fonctionné).

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Merci, Père Joubaud - alors Curé recteur de Sarzeau  qui m' a soutenue et qui par chance connaissait de longue date Bruno Belliot  - Directeur de l'Académie de Musique et d'Arts Sacrés de  Sainte - Anne d'Auray et ainsi, j'ai retrouvé le chemin  de l'orgue en 2015 avec comme professeur - succéssivement Véronique Le Guen puis après un an d'arrêt pour des raisons personnelles,  Mickaël Gaborieau et Michel Jezo .

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Aujourd'hui en tant qu'aînée, (en âge et en cursus), j'ai quelques privilèges : accès au Grand Orgue Cavaillé-Coll de la Basilique pour y travailler - le vendredi de 12h à 13h puis de 13h à 14h pour un cours. Et grâce à Michel Jézo, accès le lundi  à l'orgue Debierre de St Patern à Vannes. Merci mes profs !

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Ma formation à l'orgue a été retardée puis contrariée pour les raisons que je viens d'évoquer mais également inhérente à l'accès et disponibilité de ces instruments.

- Traditionnellement rattachés aux églises, il faut l'accord du curé de la paroisse, de l'organiste titulaire ( qui n'est pas toujours prêteur...et qui pourtant dispose souvent d'autres orgues par leurs services), instruments souvent fragilisés, classés, situés dans des endroits improbables qui n'en facilitent pas l'accès), alors il faut montrer patte blanche ... Ensuite, jongler pour trouver un créneau sans troubler les cérémonies religieuses, pélerinages, cours. Ne pas avoir peur de jouer dans le froid, avec mitaines éventuelles et polaire de rigueur! L'économie d'énergie,les organistes connaissent bien le problème et il leur faut compter sur leur propre énergie  qu'ils déploient pour se réchauffer. 

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Jouer sur un bel orgue à tuyaux dans un édifice religieux, croyez-moi, ça se mérite.

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Une fois tous les obstacles bravés c' est une expérience que je souhaite à tous les organistes, pianistes et surtout aux plus jeunes - mais faut-il qu'ils aient l'opportunité d'y avoir accès pour pouvoir faire le choix d'un apprentissage comme n'importe quel autre instrument de  musique...

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Aussi, ma démarche actuelle d'un projet d' orgue à tuyaux pour Sarzeau n'est pas que personnelle; c'est le soucis d'une enseignante en musique (en retraite) qui pense aux jeunes générations qui pourront choisir leur instrument en toute connaissance de cause, également pour laisser à la ville un patrimoine  qui s'inscrira dans un parcours des orgues en Morbihan par une spécificité qui attira les organistes -  bien-sûr mais aussi les mélomanes et tout ceux qui n'ont pas eu l'opportunité d'entendre jusqu'alors ces merveilleux instruments.

AL

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Les difficultés sont présentes

pour être surmontées

avec  volonté et  détermination.

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Alors, soutenez-nous

et rejoignez-vous !

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Conservatoire Régional de Musique de Lille
Façade ancienne toujours existante - place du Concert - l'extension contemporaine se situant en arrière, boulevard du Peuple Belge​
Restauration Piano
Je ne dénigre pas mon 
premier instrument...
CNSMP rue de Madrid.jpg
le CNSM rue de Madrid
dans les années 60
Aujourd'hui dans le quartier de la Villette
Jeanne Joulain.jpg
Jeanne Joulain
Maître Lannoy
grand prix de Rome
1915 - 1979 
Né à St Amand les Eaux - mort accidentellement  à Lille 
Il dirigea le conservatoire pendant 33 ans jusqu'à sa mort

 
Marcel Dupré sur l'orgue Wanamaker à  Philadelphie
Installé dans le grand magasin  Macy's
Il est le plus grand orgue au monde!
Grand Orgue de Saint Etienne     à Lille
Jean Decarme fut
organiste tilulaire à St Etienne
de 1949 à 1999
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Registres du Grand Orgue de la Cathédrale de Chartres
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Grand Orgue Cavaillé -Coll
Basilique
de Sainte Anne d'Auray
Grand Orgue Debierre 
St Patern à Vannes
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